Par F. BILLY, 258 pages, 1998
Ce travail n’est pas autre chose qu’un complément à la “Végétation de la Basse-Auvergne” (Bulletin de la Société Botanique du Centre-Ouest, nouvelle série, numéro spécial 9-1988). A l’époque j’avais procédé à un exposé synthétique et donc quelque peu simplifié, des groupements végétaux connus dans la région mais en demeurant au niveau de l’alliance phytosociologique. Depuis, j’ai poursuivi mes observations, j’ai affiné un peu mon arsenal et c’est ainsi que dans un premier temps, j’ai rédigé une étude plus détaillée des groupements silvatiques et de leurs annexes, manteaux et ourlets, impliqués dans un méme processus de reboisement spontané. Les dieux m’ayant accordé un nouveau sursis, j’ai poursuivi mon chemin et il m’a paru que je disposais aussi de matériaux suffisants pour analyser avec quelque fruit la végétation des prairies et pelouses qui tiennent une grosse part dans les pays de basses montagnes où l’élevage demeure au premier rang des activités agricoles. Bien plus, il m’a semblé urgent de dresser un constat de l’état actuel de cette végétation, eu égard à la véritable révolution en cours des pratiques culturales qui ne peut manquer, à mon sens, d’avoir un sérieux impact sur la floristique comme sur la phytosociologie de nos herbages. Je me dispenserai de revenir sur la géographie physique de la Basse Auvergne que j’ai longuement développée dans ses rapports avec la végétation et me bornerai à rappeler qu’il s’agit, dans les cadres administratifs actuels, du département du Puy-de-Dôme et de l’arrondissement de Brioude dans la HauteLoire, et qu’en dépit de l’épithète attachée à cette fraction de la vieille Auvergne, c’est elle qui contient le sommet le plus élevé de tout le Massif Central avec le Sancy (1886 m) en compagnie de deux autres systèmes volcaniques, le Cézalier (1550 m) et la chaîne des Puys (Puy de Dôme 1470 m) et en outre à l’est et au sud, des massifs cristallins surélevés (Bois Noirs 1 260 m, Forez 1 650 m, Livradois 1 210 m et Margeride de Pinols 1 450 m) mais elle a aussi le monopole des terres à blé et à vigne, avec la série des Limagnes qui se succèdent tout le long de l’Allier depuis Langeac jusqu’à Ris (280 m) et, enfin, à l’ouest et au sudouest, de jolis morceaux de pénéplaines avec les Combrailles, le plateau de Bourg-Lastic et l’Artense. Aujourd’hui, c’est la Haute-Auvergne (département du Cantal) qui a la réputation de pays vert, voué à l’herbe et à l’élevage des bovins et effectivement une statistique de 1980 évalue à 391 000 le cheptel bovin du Cantal contre 320 000 pour le Puy-de-Dôme mais il s’agit là d’une situation relativement récente: en 1902, seul le Puy-de-Dôme figurait parmi les dix départements les plus gros producteurs, ses concurrents étant tous situés dans le nord-ouest. Malgré ce recul relatif, les prairies dites naturelles représentent encore 60 % de la surface agricole utile (outre 10 % de cultures fourragéres).La déprise agricole a moins touché le monde de l’herbe que celui des champs. Avant de rendre compte de l’état actuel de nos prairies ,je crois nécessaire de présenter une esquisse rapide de leur histoire de nature à mieux faire comprendre la formation des associations actuelles et peut-étre d’envisager leur avenir. Je devrai aussi délimiter l’objet, le cadre de ce travail et donner encore quelques précisions d’ordre purement floristique.