47 – Groupements végétaux et phytogéographie de la Corrèze

Groupements végétaux et phytogéographie de la Corrèze

Par Luc BRUNERYE, A4 couleur, 449 pages, 2020

Si la flore et les végétations du Limousin sont souvent qualifiées de pauvres et d’homogènes, y compris par d’illustres botanistes locaux comme le furent Édouard Lamy ou Charles Le Gendre, cela ne s’applique pas au département de la Corrèze, le plus hétérogène de l’ancienne région aujourd’hui intégrée à la Nouvelle-Aquitaine. Il faut bien avouer que, contrairement à la Haute-Vienne ou la Creuse, la Corrèze, avec son bassin sédimentaire de Brive-la-Gaillarde, dispose d’une grande variété de socles géologiques, générant une diversité de sols et de végétations. Le Causse corrézien, extension du Causse de Martel, avec ses calcaires durs, les grès du Trias au sud de l’agglomération de Brive, et les marnes qui s’intercalent depuis les buttes témoins d’Ayen et Saint-Robert jusqu’à Puy d’Arnac, vont ainsi fortement trancher avec le socle cristallin propre au Massif central que l’on retrouve dans la majeure partie du département. Si l’altitude maximale frôle mille mètres à Meymac, les végétations typiquement montagnardes ne sont représentées dans le département que de façon abyssale, à la faveur de certaines gorges (Chavanon, Dordogne). En dehors du Causse corrézien où l’influence méridionale se traduit bien dans la flore locale, les végétations de la Corrèze sont surtout soumises à l’influence atlantique, qui atteint les vastes alvéoles tourbeux du Plateau de Millevaches et y permet l’expression de remarquables gazons amphibies, bas-marais et tourbières acidiphiles atlantiques. Luc Brunerye, qui étudie la flore et les végétations de la Corrèze depuis plus d’un demi-siècle, en est aujourd’hui sans conteste l’un des meilleurs spécialistes, et le digne successeur d’Ernest Rupin, cet érudit pionnier de la botanique en Corrèze à la fin du xixe siècle. Surtout réputé pour sa monumentale contribution à la connaissance de la flore corrézienne, avec plus de quatre-vingt publications à son actif dans une pluralité de revues à caractère scientifique (Le Monde des Plantes, Journal de botanique de la Société botanique de France, Bulletin de la Société botanique du Centre-Ouest, etc.), Luc Brunerye est également l’auteur des premières véritables études des communautés végétales de ce département, alors même que la discipline phytosociologique n’était pas encore stabilisée, tant sur le plan analytique que synthétique. Ainsi, dès les années 1960, avec sa thèse de doctorat de la faculté de pharmacie de Paris, Luc Brunerye étudie les groupements végétaux des marais des Monédières et leur évolution (1962). Ce travail est très vite suivi d’une étude de la végétation des landes sèches des Monédières (1962), des groupements forestiers de la région de Treignac (1970), de la végétation messicole de la commune de Veix (1976), de la végétation des affleurements de serpentine (1980) puis de la végétation des coteaux hettangiens (1990). Il ne faut pas occulter non plus le minutieux travail d’exploration de la Corrèze qui doit à Luc Brunerye d’être le second auteur de Plantes et végétation en Limousin, atlas de la flore vasculaire (2001), l’un des premiers atlas floristiques régionaux en France. Cette conséquente accumulation de connaissances lui permet aujourd’hui de nous livrer une analyse complète de la phytogéographie de la Corrèze. Les végétations, coeur de l’ouvrage de Luc Brunerye, sont détaillées en vingt-deux grands types qui correspondent souvent au niveau de la classe phytosociologique. Déclinés ensuite de façon très fine en deux cent cinquante-six groupements végétaux, Luc Brunerye réussit la tâche ardue de rendre son propos accessible à la fois à des non-spécialistes (étudiants en biologie, curieux de nature) ainsi qu’aux professionnels de l’environnement, comme l’avait fait auparavant François Billy pour la Basse-Auvergne. Si Luc Brunerye prend soin, avec grande modestie, d’avertir le lecteur que son analyse des végétations ne suit pas la méthode phytosociologique sigmatiste, les passerelles sont évidentes, pour le phytosociologue aguerri, entre les groupements individualisés par l’auteur et les dénominations modernes des associations végétales. Ainsi, l’on reconnaîtra sous l’appellation « Coteaux à Staehelina dubia » le Staehelino dubiae–Teucrietum chamaedryos décrit par Jean-Marie Royer dans le proche Périgord, ou encore la « pelouse à Saxifraga granulata et Serapias lingua » qui n’est autre que l’Orchido morionis–Serapiadetum linguae décrit de l’Armagnac méridional par Bruno de Foucault. Certains y trouveront de véritables singularités, c’est-à-dire des combinaisons originales et répétitives d’espèces dans des conditions bien déterminées de leur biotope ; ce seront peut-être là de nouvelles associations végétales, qu’il conviendra de valider dans le respect du Code international de nomenclature phytosociologique. L’ouvrage de Luc Brunerye constitue également un état des lieux important de la flore, via un catalogue raisonné, et des groupements végétaux, qui composent les paysages corréziens. Il est aussi un repère pour les générations futures, dans le contexte actuel de réchauffement climatique, lequel va probablement impacter les vastes complexes tourbeux du Plateau de Millevaches riches en éléments sensibles boréaux, et d’anthropisation croissante des milieux naturels. Les exemples d’herborisations, savamment sélectionnés par l’auteur en fin d’ouvrage, sont une véritable invitation au voyage, à la découverte et à l’émerveillement, face aux richesses naturelles insoupçonnées de la Corrèze, premiers pas indispensables à leur préservation.
Limoges, le 10 février 2020
Mickaël MADY
Société botanique du Centre-Ouest et Groupe phytosociologique du Massif central de la Société française de phytosociologie

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45 – Les plantes vasculaires atlantiques, les pyrénéo-cantabriques et les éléments floristiques voisins dans la péninsule ibérique et en France

Les plantes vasculaires atlantiques, les pyrénéo-cantabriques et les éléments floristiques voisins dans la péninsule ibérique et en France

Par Pierre DUPONT, A4 couleur, 495 pages, 2015

Les plantes vasculaires atlantiques, les pyrénéo-cantabriques et les éléments floristiques voisins dans la péninsule Ibérique et en France. Ce travail devait être, au départ, une simple actualisation de l’ouvrage de 1962 sur la Flore atlantique européenne. Mais, en cours de rédaction, il a été considérablement étendu à tous les éléments floristiques des territoires voisins, en particulier aux endémiques pyrénéo- cantabriques. Après un bref historique de la connaissance de l’élément phytogéographique atlantique et l’examen des principes de délimitation des éléments floristiques, huit catégories d’espèces eu- atlantiques sont d’abord examinées, la distribution géographique de chacun des taxons étant précisée. Il en est ensuite de même pour sept catégories de plantes subatlantiques et pour les éléments voisins : atlantiques médioeuropéennes, atlantiques méditerranéennes, laté- atlantiques, pseudo-atlantiques, puis pour diverses catégories dont 1’aire de répartition est proche du domaine atlantique. Parmi celles-ci, la totalité des subalpines et alpines pyrénéo- cantabriques est envisagée, de même que les pyrénéo-cantabriques du versant sud et les pyrénéennes orientales. Un long chapitre est consacré à la distribution des plantes atlantiques dans les différentes parties de la péninsule Ibérique et de la France, divisées en vingt-quatre régions numérotées de A à X. Les limites et les divisons du domaine atlantique européen dans la péninsule Ibérique et en France sont ensuite discutées et précisées, du sud au nord du domaine, ce qui permet de donner en conclusion les principales divisions du domaine. Cela est suivi d’une discussion sur la zone de transition entre domaine atlantique et région méditerranéenne. Dans le dernier chapitre, une grande partie des plantes étudiées jusque-là est réexaminée, non plus par rapport au domaine atlantique, mais par rapport à la chaîne pyrénéo-cantabrique. Cela conduit à considérer les eu-pyrénéo-cantabriques dont une dizaine de catégories sont établies, les subpyrénéocantabriques, les latépyrénéo-cantabriques et différents autres taxons présents dans ces montagnes ou à leur voisinage. De nombreuses photographies en couleurs et cartes de distribution illustrent le texte. Dans la conclusion est posé le problème de 1’avenir de la flore atlantique et pyrénéo-cantabrique, dans la perspective du changement climatique.

Vascular Atlantic and Pyrenean-Cantabrian plants, and the neighbouring floristic elements in the Iberian Peninsula and France. To start with, this publication was to be the mere updating of the 1962 work on the European Atlantic flora. Yet, in the course of being edited, it was considerably extended to all the floristic elements of the neighbouring areas, particularly to the Pyrenean-Cantabrian endemic plants. After a brief history of the Atlantic phytogeographic element and the examination of the principles for defining the scope of the floristic elements, eight categories of strictly Atlantic species are surveyed to begin with, the geographic distribution of each of the taxa being specified. Next, it is the same with seven categories of subatlantic plants and the neighbouring elements: mid-European Atlantic, Mediterranean Atlantic, Atlantic with affinities, pseudo-Atlantic, and then with various categories whose distribution is close to the Atlantic domain. Among the latter, all the subalpine and alpine Pyrenean-Cantabrian species are taken into account, as well as the Pyrenean-Cantabrian of the southern slopes and the eastern Pyrenees. A long chapter is devoted to the distribution of Atlantic plants in different parts of the lberian Peninsula and France, split up into 24 regions numbered from A to X. The boundaries and divisions of the European Atlantic domain in the lberian Peninsula and in France are then discussed and specified, from the south to the north of the domain, which makes it possible to give its chief divisions as a conclusion. This is followed by a discussion about the transition area between the Atlantic domain and the Mediterranean region. In the last chapter, most of the plants studied up to then are reaxamined, but not any more in relation to the Pyrenean-Cantabrian range. This leads to consider the strictly Pyrenean-Cantabrian plants, among which about ten categories are ratified, the Subpyrenean-Cantabrian, the Pyrenean-Cantabrian with affinities, and various other taxa to be found in these mountains or nearby. Numerous colour photographs and distribution maps illustrate the text. In the conclusion, the problem of the future of the Atlantic and Pyrenean-Cantabrian flora is put in the perspective of the present global warming.

Las plantas vasculares atlánticas, las pirenaico-cantábricas y los elementos florísticos vecinos en la Península Ibérica y en Francia. Este obra, al principio, debía ser una simple actualizacíon de la publicacíon de 1962 sobre la flora atlántica europea. Pero mientras la redactaba se extendió considerablemente a todos los elementos florísticos de los territorios vecinos, especialmente a los endémicas pirenaico-cantábricas. Después de una breve historia del conocimiento del elemento fitogeográfico atlántico y del examen de los principios de delimitación de los elementos florísticos, en primer lugar se estudian ocho categorías de especies euatlánticas, precisando la distribución geográfica de cada uno de los taxones. A continuación, se hace lo mismo con siete categorías de plantas subatlánticas y con los elementos vecinos: atlánticas medioeuropeas, atlánticas mediterráneas, lateatlánticas, pseudoatlánticas, y también con varias categorías cuya area de repartición está cerca de la provincia atlántica. Entre ellas, se tienen en cuenta todas las subalpinas y las alpinas pirenaico-cantábricas, así como las pirenaico-cantábricas de la vertiente sur y las pirenaicas orientales. Se dedica un largo capítulo a la distribución de las plantas atlánticas en las diferentes partes de la Península Ibérica y de Francia, divididas en 24 regiones numeradas de la A a la X. A continuación se debaten y se precisan los límites y las divisiones de la provincia atlántica europea en la Península Ibérica y en Francia, de norte a sur, y eso permite dar, como conclusión, las principales divisiones de la provincia. Sigue un debate sobre la área de transición entre la provincia atlántica y la región mediterránea. En el último capítulo vuelven a estudiarse gran parte de las plantas estudiadas hasta entonces, ya no respecto a la provincia atlántica sino a la cadena pirenaico-cantábrica. Esto nos llega a analizar las eupirenaico-cantábricas, de las cuales se establece una decena de categorías, las subpirenaico-cantábricas, las latepirenaico-cantábricas y otros taxones diferentes presentes en estas montañas o sus alrededores. Muchas fotografías en color y mapas de distribución ilustran el texto. En la conclusión se plantea el problema del futuro de la flora atlántica y pirenaico-cantábrica en vista del cambio climático.

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33 – Petit Précis de Phytosociologie

Petit Précis de Phytosociologie

 

Par J.-M. ROYER, 86 pages, 2009

Les communautés végétales sont étudiées depuis deux siècles. Au XIXe siècle, suite à VON HUMBOLT, il s’agit de descriptions fondées sur une approche physionomiste. Les bases de la phytosociologie moderne sont données par BRAUN, suisse zurichois, au début du vingtième siècle, qui privilégie une approche plus méthodique. Installé à Montpellier, il travaille avec PAVILLARD, ce qui aboutit à la publication en 1922 du « Vocabulaire de Sociologie végétale » ; sa méthode est alors qualifiée de zuricho-montpelliéraine. Il prend le nom de BRAUN-BLANQUET suite à son mariage et crée la Station Internationale de Géobotanique Méditerranéenne et Alpine (SIGMA) en 1929. Par néologisme, on parle de phytosociologie sigmatiste. L’école de phytosociologie sigmatiste est la plus ancienne de toutes ; c’est également l’une des plus dynamiques. Elle sera enseignée et développée dans de nombreux pays tout au long du XXe siècle, jusqu’à l’époque actuelle. Les buts premiers de la phytosociologie sigmatiste sont de décrire et de classer les communautés végétales. GUINOCHET, LEBRUN et MOLINIER font adopter la définition suivante lors du VIIe Congrès international de botanique de Paris en 1954 : « La phytosociologie est l’étude des communautés végétales du point de vue floristique, écologique, dynamique,
La phytosociologie admet que l’on peut reconnaître au sein de la végétation des unités discrètes, assez faciles à délimiter, distribuées à la manière d’une mosaïque. Ces unités sont nommées associations végétales ou communautés végétales, le terme d’association végétale étant généralement préféré en France à celui de communauté végétale. L’objectivité et l’opportunité de cette interprétation ont fait l’objet de multiples débats. Les opinions vont de ceux qui considèrent la végétation comme un continuum impossible à typifier (école américaine) à ceux qui prétendent voir dans les communautés végétales une sorte d’unités intégrées hautement cohérentes. Les arguments présentés par les uns et les autres ont parfois été poussés jusqu’à l’exagération. Si au départ la phytosociologie sigmatiste est apparue comme une discipline relativement empirique, elle a été depuis progressivement codifiée, alors qu’en parallèle s’est développée une réflexion théorique. Les principes de BRAUNBLANQUET et de PAVILLARD ont été repris, précisés et codifiés, de façon plus rigoureuse, notamment par TÜXEN. La phytosociologie sigmatiste devint alors une science plus précise, tant au niveau analytique que synthétique. C’est à GUINOCHET que l’on doit les réflexions épistémologiques les plus approfondies, parallèlement à une réflexion formaliste très poussée, d’abord avec « Logique et Dynamique du Peuplement végétal » (1955) puis avec « Phytosociologie » (1973). Plus récemment de FOUCAULT s’est orienté vers une réflexion qui a débouché sur une théorie formelle de la phytosociologie sigmatiste, avec « La phytosociologie sigmatiste : une morpho-physique » (1987). La typification et la classification des associations végétales, en dépit de toutes les imperfections que certains leur attribuent, sont justifiées parce qu’elles sont scientifiquement possibles et parce qu’elles ont une utilité pratique (VIGO, 2008). La valeur scientifique du système sigmatiste est avalisée par le fait qu’il a une certaine valeur prédictive (de FOUCAULT, VIGO). Ainsi, pour une région naturelle nouvelle, correspondant cependant à un paysage que l’on connaît bien, il est possible de prévoir, avec de réelles garanties de succès, quels types d’associations végétales on pourra trouver. La rencontre effective des associations prévues avec leur cortège floristique valide la méthode. De même, en présence d’une association végétale inconnue, mais analogue à une communauté étudiée auparavant, il sera possible de deviner quelles espèces pourront être présentes. La possibilité de distinguer les différentes associations a une grande importance pratique : elle rend possible la cartographie de la végétation ; elle permet également de transférer les connaissances écologiques ou fonctionnelles obtenues dans une zone déterminée à d’autres secteurs moins prospectés, etc. Deux étapes se succèdent lors des études phytosociologiques : une étape analytique sur le terrain qui consiste à prendre des relevés de végétation, et une étape synthétique au laboratoire qui consiste à classer les relevés, puis à identifier les associations. Une troisième étape éventuelle, mais nécessaire à notre avis dans beaucoup de cas, est celle de la description des associations et de la mise en évidence de leur déterminisme.

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25 – Synopsis commenté des groupements végétaux de la Bourgogne et de la Champagne-Ardenne

Synopsis commenté des groupements végétaux de la Bourgogne et de la Champagne-Ardenne

 

Par J.-M. ROYER, J.-C. FELZINES, C. MISSET & S. THÉVENIN, 394 pages, 2005

La littérature phytosociologique française est constituée par des ouvrages anciens assez nombreux et bien connus ainsi que par des travaux récents consacrés à des entités géographiques ou (et) écologiques plus ou moins vastes qui sont éditées dans des publications variées qu’il est souvent difficile (et parfois onéreux) de se procurer. L’un des travaux synthétiques les plus célèbres consacrés à un vaste ensemble géographique est paru en 1952 : Les Groupements Végétaux de la France Méditerranéenne dont les auteurs étaient J. Braun-Blanquet, N. Rousine et R. Nègre, l’ouvrage étant préfacé par L. Emberger : ce travail connut un grand succès et fut longtemps la référence pour les botanistes languedociens et provençaux. Récemment (1994, 1996) une initiative nouvelle très prometteuse vit le jour : certains phytosociologues français furent réunis et regroupés en plusieurs ensembles thématiques et (ou) régionaux en vue de la préparation, puis de la publication d’un Prodrome des Végétations de France. Mais pour des raisons scientifiques (le territoire national était très inégalement connu), humaines et relationnelles les publications des divers groupes de travail furent très peu nombreuses; tel est le cas de l’Esquisse synsystématique et synchorologique provisoire des végétations littorales de France (1994) de J.-M. Géhu qui fut suivi d’une Végétation littorale du même auteur en 1996 et des Réflexions syntaxonomiques et synsystématiques au sein des complexes sylvatiques français (1996) du regretté J.-Cl. Rameau. On peut déplorer que les travaux de ces auteurs, spécialistes incontestés des milieux naturels qu’ils envisageaient de traiter dans le Prodrome, n’aient connu qu’une diffusion très restreinte car ce sont des publications d’une très grande importance. Pendant que paraissaient les divers volumes des Cahiers d’habitats Natura 2000 à la Documentation française, certains des phytosociologues réunis en 1994 et en 1996 préparaient un Prodrome des végétations de France qui parut en 2004 : nous en avions rendu compte dans le Bulletin 35 (2005) de la Société Botanique du Centre-Ouest. Ce Prodrome ne correspondait pas à ce que beaucoup attendaient ; cependant son intérêt est réel car il constitue la validation scientifique des ensembles de végétation de France ce qui en fait un ouvrage de référence, énorme travail ingrat réalisé par V. Boulet. Il n’en demeure pas moins que des chercheurs, souvent parmi les plus jeunes, sont demeurés sur leur faim à la réception de l’ouvrage car le Prodrome s’arrête aux alliances (voire aux sous-alliances) et ne cite pas les cortèges caractéristiques des différentes unités sociologiques. En 2005 ont été publiées dans la série des Colloques Phytosociologiques des Données pour un Prodrome des Végétations de France qui correspondent soit à des ensembles de végétation de niveaux sociologiques divers, soit à certaines parties du territoire national dont on désirait esquisser le bilan des connaissances les concernant : c’est ainsi que les quelques pages consacrées à la région Poitou-Charentes constituent la liste des ensembles végétaux reconnus lors d’un bilan réalisé dans les années 80 et n’ont donc qu’un intérêt très relatif. Il n’en est pas de même du Bilan de la connaissance phytosociologique de la Bourgogne de J.-M. Royer et de la Végétation de la Champagne crayeuse de S. Thévenin et J.-M. Royer qui pouvaient laisser prévoir un travail plus important sur ces deux régions. Deux axes de recherche avaient ainsi été proposés par les organisateurs des réunions de Paris (1994) et d’Orsay (1996) et suivis de publications diverses : – un axe thématique qui faisait l’objet de publications relativement nombreuses sur certains milieux (littoral, forêts, prairies…), beaucoup plus rares sur d’autres (milieux nitrophiles par exemple), – un axe régional parmi lesquels le très remarquable Guide des groupements végétaux de la région parisienne de M. Bournérias, G. Arnal et C. Bock (2001) mais limité à l’étude des alliances. Cette inégalité entre les deux axes de recherches s’explique parfaitement, une bonne connaissance de chaque milieu étant le préalable indispensable pour envisager la réalisation d’une synthèse qu’est la végétation régionale. J.-M. Royer, J.-C. Felzines, C. Miset et S. Thévenin ont su, après des études de terrain supposant la réalisation de milliers de relevés phytoso- ciologiques, dégager l’existence des associations végétales constituant la végétation d’un bon quart nord-est de la France et présenter un livre de phytosociologie moderne tel qu’en rêvaient nombre de participants aux travaux de 1994 et 1996. Il faut les remercier pour la réalisation de cet ouvrage dont l’intérêt dépasse très largement le cadre régional et qui doit servir d’exemple pour ce qu’il est souhaitable de faire sur tout le territoire national.

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23 – Flore et végétation de quelques marais de Charente-Maritime


8 € TTC

Par C. LAHONDERE, 96 pages, 2003

On pourrait définir les marais comme des zones humides où la végétation recouvre la presque totalité de la surface du sol et distinguer parmi eux les marais salés, les marais saumâtres et les marais doux : cette distinction correspondant â des ensembles végétaux différents. Les marais de l’intérieur sont, chez nous, des marais doux, alors que le littoral nous montre souvent les trois types de marais qui se succèdent à mesure que l’on s’éloigne cie la mer. Une partie importante de la Charente-Maritime est occupée par de telles zones humides. Bon nombre d’entre-elles ont été aménagées avant qu’un inventaire de leur flore et de leur faune n’ait été entrepris ; d’autres sont menacées par ce que l’on nomme parfois des projets d’assainissement ; certaines sont, en ce moment mème, victimes cie destructions alors que l’on sait qu’elles sont riches: on détruit ainsi un patrimoine naturel irremplaçable, pour un profit immédiat pas toujours évident, ainsi en a-t-il été du marais du Rha cl Saint-Palais-sur-Mer, ou des marais situés entre Annepont et Juicq. Nous avons limité notre étude à certains cI’entre eux, choisis soit cl l’intérieur, soit en bordure de mer ou à proximité immédiate de celle-ci: le marais cie l’Anglade près des Gonds (et de Saintes), les zones humides près de Cadeuil â Saint-Symphorien (entre Royan et Rochefort), le marais du Galon d’Or près de Ronce-les-Bains à La Tremblade, la baie de Bonne Anse et le marais de Bréjat aux Mathes, le marais de Pousseau à Royan â côté des Jardins du Monde. Nous passerons ensuite plus rapidement en revue ceux des marais cie notre département qui nous semblent plus particulièrement intéressants, dans l’état actuel de nos investigations qui sont encore loin d’être terminées. En laissant hors de ce travaille Marais Poitevin qui n’est qu’en partie charentais et dont l’importance dépassant le cadre départemental nécessiterait à lui seul un ouvrage particulier; seule la partie maritime charentaise de ce marais sera étudiée.

 

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