47 – Groupements végétaux et phytogéographie de la Corrèze
Par Luc BRUNERYE, A4 couleur, 449 pages, 2020
Si la flore et les végétations du Limousin sont souvent qualifiées de pauvres et d’homogènes, y compris par d’illustres botanistes locaux comme le furent Édouard Lamy ou Charles Le Gendre, cela ne s’applique pas au département de la Corrèze, le plus hétérogène de l’ancienne région aujourd’hui intégrée à la Nouvelle-Aquitaine. Il faut bien avouer que, contrairement à la Haute-Vienne ou la Creuse, la Corrèze, avec son bassin sédimentaire de Brive-la-Gaillarde, dispose d’une grande variété de socles géologiques, générant une diversité de sols et de végétations. Le Causse corrézien, extension du Causse de Martel, avec ses calcaires durs, les grès du Trias au sud de l’agglomération de Brive, et les marnes qui s’intercalent depuis les buttes témoins d’Ayen et Saint-Robert jusqu’à Puy d’Arnac, vont ainsi fortement trancher avec le socle cristallin propre au Massif central que l’on retrouve dans la majeure partie du département. Si l’altitude maximale frôle mille mètres à Meymac, les végétations typiquement montagnardes ne sont représentées dans le département que de façon abyssale, à la faveur de certaines gorges (Chavanon, Dordogne). En dehors du Causse corrézien où l’influence méridionale se traduit bien dans la flore locale, les végétations de la Corrèze sont surtout soumises à l’influence atlantique, qui atteint les vastes alvéoles tourbeux du Plateau de Millevaches et y permet l’expression de remarquables gazons amphibies, bas-marais et tourbières acidiphiles atlantiques. Luc Brunerye, qui étudie la flore et les végétations de la Corrèze depuis plus d’un demi-siècle, en est aujourd’hui sans conteste l’un des meilleurs spécialistes, et le digne successeur d’Ernest Rupin, cet érudit pionnier de la botanique en Corrèze à la fin du xixe siècle. Surtout réputé pour sa monumentale contribution à la connaissance de la flore corrézienne, avec plus de quatre-vingt publications à son actif dans une pluralité de revues à caractère scientifique (Le Monde des Plantes, Journal de botanique de la Société botanique de France, Bulletin de la Société botanique du Centre-Ouest, etc.), Luc Brunerye est également l’auteur des premières véritables études des communautés végétales de ce département, alors même que la discipline phytosociologique n’était pas encore stabilisée, tant sur le plan analytique que synthétique. Ainsi, dès les années 1960, avec sa thèse de doctorat de la faculté de pharmacie de Paris, Luc Brunerye étudie les groupements végétaux des marais des Monédières et leur évolution (1962). Ce travail est très vite suivi d’une étude de la végétation des landes sèches des Monédières (1962), des groupements forestiers de la région de Treignac (1970), de la végétation messicole de la commune de Veix (1976), de la végétation des affleurements de serpentine (1980) puis de la végétation des coteaux hettangiens (1990). Il ne faut pas occulter non plus le minutieux travail d’exploration de la Corrèze qui doit à Luc Brunerye d’être le second auteur de Plantes et végétation en Limousin, atlas de la flore vasculaire (2001), l’un des premiers atlas floristiques régionaux en France. Cette conséquente accumulation de connaissances lui permet aujourd’hui de nous livrer une analyse complète de la phytogéographie de la Corrèze. Les végétations, coeur de l’ouvrage de Luc Brunerye, sont détaillées en vingt-deux grands types qui correspondent souvent au niveau de la classe phytosociologique. Déclinés ensuite de façon très fine en deux cent cinquante-six groupements végétaux, Luc Brunerye réussit la tâche ardue de rendre son propos accessible à la fois à des non-spécialistes (étudiants en biologie, curieux de nature) ainsi qu’aux professionnels de l’environnement, comme l’avait fait auparavant François Billy pour la Basse-Auvergne. Si Luc Brunerye prend soin, avec grande modestie, d’avertir le lecteur que son analyse des végétations ne suit pas la méthode phytosociologique sigmatiste, les passerelles sont évidentes, pour le phytosociologue aguerri, entre les groupements individualisés par l’auteur et les dénominations modernes des associations végétales. Ainsi, l’on reconnaîtra sous l’appellation « Coteaux à Staehelina dubia » le Staehelino dubiae–Teucrietum chamaedryos décrit par Jean-Marie Royer dans le proche Périgord, ou encore la « pelouse à Saxifraga granulata et Serapias lingua » qui n’est autre que l’Orchido morionis–Serapiadetum linguae décrit de l’Armagnac méridional par Bruno de Foucault. Certains y trouveront de véritables singularités, c’est-à-dire des combinaisons originales et répétitives d’espèces dans des conditions bien déterminées de leur biotope ; ce seront peut-être là de nouvelles associations végétales, qu’il conviendra de valider dans le respect du Code international de nomenclature phytosociologique. L’ouvrage de Luc Brunerye constitue également un état des lieux important de la flore, via un catalogue raisonné, et des groupements végétaux, qui composent les paysages corréziens. Il est aussi un repère pour les générations futures, dans le contexte actuel de réchauffement climatique, lequel va probablement impacter les vastes complexes tourbeux du Plateau de Millevaches riches en éléments sensibles boréaux, et d’anthropisation croissante des milieux naturels. Les exemples d’herborisations, savamment sélectionnés par l’auteur en fin d’ouvrage, sont une véritable invitation au voyage, à la découverte et à l’émerveillement, face aux richesses naturelles insoupçonnées de la Corrèze, premiers pas indispensables à leur préservation.
Limoges, le 10 février 2020
Mickaël MADY
Société botanique du Centre-Ouest et Groupe phytosociologique du Massif central de la Société française de phytosociologie
45 – Les plantes vasculaires atlantiques, les pyrénéo-cantabriques et les éléments floristiques voisins dans la péninsule ibérique et en France
Par Pierre DUPONT, A4 couleur, 495 pages, 2015
Les plantes vasculaires atlantiques, les pyrénéo-cantabriques et les éléments floristiques voisins dans la péninsule Ibérique et en France. Ce travail devait être, au départ, une simple actualisation de l’ouvrage de 1962 sur la Flore atlantique européenne. Mais, en cours de rédaction, il a été considérablement étendu à tous les éléments floristiques des territoires voisins, en particulier aux endémiques pyrénéo- cantabriques. Après un bref historique de la connaissance de l’élément phytogéographique atlantique et l’examen des principes de délimitation des éléments floristiques, huit catégories d’espèces eu- atlantiques sont d’abord examinées, la distribution géographique de chacun des taxons étant précisée. Il en est ensuite de même pour sept catégories de plantes subatlantiques et pour les éléments voisins : atlantiques médioeuropéennes, atlantiques méditerranéennes, laté- atlantiques, pseudo-atlantiques, puis pour diverses catégories dont 1’aire de répartition est proche du domaine atlantique. Parmi celles-ci, la totalité des subalpines et alpines pyrénéo- cantabriques est envisagée, de même que les pyrénéo-cantabriques du versant sud et les pyrénéennes orientales. Un long chapitre est consacré à la distribution des plantes atlantiques dans les différentes parties de la péninsule Ibérique et de la France, divisées en vingt-quatre régions numérotées de A à X. Les limites et les divisons du domaine atlantique européen dans la péninsule Ibérique et en France sont ensuite discutées et précisées, du sud au nord du domaine, ce qui permet de donner en conclusion les principales divisions du domaine. Cela est suivi d’une discussion sur la zone de transition entre domaine atlantique et région méditerranéenne. Dans le dernier chapitre, une grande partie des plantes étudiées jusque-là est réexaminée, non plus par rapport au domaine atlantique, mais par rapport à la chaîne pyrénéo-cantabrique. Cela conduit à considérer les eu-pyrénéo-cantabriques dont une dizaine de catégories sont établies, les subpyrénéocantabriques, les latépyrénéo-cantabriques et différents autres taxons présents dans ces montagnes ou à leur voisinage. De nombreuses photographies en couleurs et cartes de distribution illustrent le texte. Dans la conclusion est posé le problème de 1’avenir de la flore atlantique et pyrénéo-cantabrique, dans la perspective du changement climatique.
Vascular Atlantic and Pyrenean-Cantabrian plants, and the neighbouring floristic elements in the Iberian Peninsula and France. To start with, this publication was to be the mere updating of the 1962 work on the European Atlantic flora. Yet, in the course of being edited, it was considerably extended to all the floristic elements of the neighbouring areas, particularly to the Pyrenean-Cantabrian endemic plants. After a brief history of the Atlantic phytogeographic element and the examination of the principles for defining the scope of the floristic elements, eight categories of strictly Atlantic species are surveyed to begin with, the geographic distribution of each of the taxa being specified. Next, it is the same with seven categories of subatlantic plants and the neighbouring elements: mid-European Atlantic, Mediterranean Atlantic, Atlantic with affinities, pseudo-Atlantic, and then with various categories whose distribution is close to the Atlantic domain. Among the latter, all the subalpine and alpine Pyrenean-Cantabrian species are taken into account, as well as the Pyrenean-Cantabrian of the southern slopes and the eastern Pyrenees. A long chapter is devoted to the distribution of Atlantic plants in different parts of the lberian Peninsula and France, split up into 24 regions numbered from A to X. The boundaries and divisions of the European Atlantic domain in the lberian Peninsula and in France are then discussed and specified, from the south to the north of the domain, which makes it possible to give its chief divisions as a conclusion. This is followed by a discussion about the transition area between the Atlantic domain and the Mediterranean region. In the last chapter, most of the plants studied up to then are reaxamined, but not any more in relation to the Pyrenean-Cantabrian range. This leads to consider the strictly Pyrenean-Cantabrian plants, among which about ten categories are ratified, the Subpyrenean-Cantabrian, the Pyrenean-Cantabrian with affinities, and various other taxa to be found in these mountains or nearby. Numerous colour photographs and distribution maps illustrate the text. In the conclusion, the problem of the future of the Atlantic and Pyrenean-Cantabrian flora is put in the perspective of the present global warming.
Las plantas vasculares atlánticas, las pirenaico-cantábricas y los elementos florísticos vecinos en la Península Ibérica y en Francia. Este obra, al principio, debía ser una simple actualizacíon de la publicacíon de 1962 sobre la flora atlántica europea. Pero mientras la redactaba se extendió considerablemente a todos los elementos florísticos de los territorios vecinos, especialmente a los endémicas pirenaico-cantábricas. Después de una breve historia del conocimiento del elemento fitogeográfico atlántico y del examen de los principios de delimitación de los elementos florísticos, en primer lugar se estudian ocho categorías de especies euatlánticas, precisando la distribución geográfica de cada uno de los taxones. A continuación, se hace lo mismo con siete categorías de plantas subatlánticas y con los elementos vecinos: atlánticas medioeuropeas, atlánticas mediterráneas, lateatlánticas, pseudoatlánticas, y también con varias categorías cuya area de repartición está cerca de la provincia atlántica. Entre ellas, se tienen en cuenta todas las subalpinas y las alpinas pirenaico-cantábricas, así como las pirenaico-cantábricas de la vertiente sur y las pirenaicas orientales. Se dedica un largo capítulo a la distribución de las plantas atlánticas en las diferentes partes de la Península Ibérica y de Francia, divididas en 24 regiones numeradas de la A a la X. A continuación se debaten y se precisan los límites y las divisiones de la provincia atlántica europea en la Península Ibérica y en Francia, de norte a sur, y eso permite dar, como conclusión, las principales divisiones de la provincia. Sigue un debate sobre la área de transición entre la provincia atlántica y la región mediterránea. En el último capítulo vuelven a estudiarse gran parte de las plantas estudiadas hasta entonces, ya no respecto a la provincia atlántica sino a la cadena pirenaico-cantábrica. Esto nos llega a analizar las eupirenaico-cantábricas, de las cuales se establece una decena de categorías, las subpirenaico-cantábricas, las latepirenaico-cantábricas y otros taxones diferentes presentes en estas montañas o sus alrededores. Muchas fotografías en color y mapas de distribución ilustran el texto. En la conclusión se plantea el problema del futuro de la flora atlántica y pirenaico-cantábrica en vista del cambio climático.
33 – Petit Précis de Phytosociologie
Par J.-M. ROYER, 86 pages, 2009
Les communautés végétales sont étudiées depuis deux siècles. Au XIXe siècle, suite à VON HUMBOLT, il s’agit de descriptions fondées sur une approche physionomiste. Les bases de la phytosociologie moderne sont données par BRAUN, suisse zurichois, au début du vingtième siècle, qui privilégie une approche plus méthodique. Installé à Montpellier, il travaille avec PAVILLARD, ce qui aboutit à la publication en 1922 du « Vocabulaire de Sociologie végétale » ; sa méthode est alors qualifiée de zuricho-montpelliéraine. Il prend le nom de BRAUN-BLANQUET suite à son mariage et crée la Station Internationale de Géobotanique Méditerranéenne et Alpine (SIGMA) en 1929. Par néologisme, on parle de phytosociologie sigmatiste. L’école de phytosociologie sigmatiste est la plus ancienne de toutes ; c’est également l’une des plus dynamiques. Elle sera enseignée et développée dans de nombreux pays tout au long du XXe siècle, jusqu’à l’époque actuelle. Les buts premiers de la phytosociologie sigmatiste sont de décrire et de classer les communautés végétales. GUINOCHET, LEBRUN et MOLINIER font adopter la définition suivante lors du VIIe Congrès international de botanique de Paris en 1954 : « La phytosociologie est l’étude des communautés végétales du point de vue floristique, écologique, dynamique,
La phytosociologie admet que l’on peut reconnaître au sein de la végétation des unités discrètes, assez faciles à délimiter, distribuées à la manière d’une mosaïque. Ces unités sont nommées associations végétales ou communautés végétales, le terme d’association végétale étant généralement préféré en France à celui de communauté végétale. L’objectivité et l’opportunité de cette interprétation ont fait l’objet de multiples débats. Les opinions vont de ceux qui considèrent la végétation comme un continuum impossible à typifier (école américaine) à ceux qui prétendent voir dans les communautés végétales une sorte d’unités intégrées hautement cohérentes. Les arguments présentés par les uns et les autres ont parfois été poussés jusqu’à l’exagération. Si au départ la phytosociologie sigmatiste est apparue comme une discipline relativement empirique, elle a été depuis progressivement codifiée, alors qu’en parallèle s’est développée une réflexion théorique. Les principes de BRAUNBLANQUET et de PAVILLARD ont été repris, précisés et codifiés, de façon plus rigoureuse, notamment par TÜXEN. La phytosociologie sigmatiste devint alors une science plus précise, tant au niveau analytique que synthétique. C’est à GUINOCHET que l’on doit les réflexions épistémologiques les plus approfondies, parallèlement à une réflexion formaliste très poussée, d’abord avec « Logique et Dynamique du Peuplement végétal » (1955) puis avec « Phytosociologie » (1973). Plus récemment de FOUCAULT s’est orienté vers une réflexion qui a débouché sur une théorie formelle de la phytosociologie sigmatiste, avec « La phytosociologie sigmatiste : une morpho-physique » (1987). La typification et la classification des associations végétales, en dépit de toutes les imperfections que certains leur attribuent, sont justifiées parce qu’elles sont scientifiquement possibles et parce qu’elles ont une utilité pratique (VIGO, 2008). La valeur scientifique du système sigmatiste est avalisée par le fait qu’il a une certaine valeur prédictive (de FOUCAULT, VIGO). Ainsi, pour une région naturelle nouvelle, correspondant cependant à un paysage que l’on connaît bien, il est possible de prévoir, avec de réelles garanties de succès, quels types d’associations végétales on pourra trouver. La rencontre effective des associations prévues avec leur cortège floristique valide la méthode. De même, en présence d’une association végétale inconnue, mais analogue à une communauté étudiée auparavant, il sera possible de deviner quelles espèces pourront être présentes. La possibilité de distinguer les différentes associations a une grande importance pratique : elle rend possible la cartographie de la végétation ; elle permet également de transférer les connaissances écologiques ou fonctionnelles obtenues dans une zone déterminée à d’autres secteurs moins prospectés, etc. Deux étapes se succèdent lors des études phytosociologiques : une étape analytique sur le terrain qui consiste à prendre des relevés de végétation, et une étape synthétique au laboratoire qui consiste à classer les relevés, puis à identifier les associations. Une troisième étape éventuelle, mais nécessaire à notre avis dans beaucoup de cas, est celle de la description des associations et de la mise en évidence de leur déterminisme.
25 – Synopsis commenté des groupements végétaux de la Bourgogne et de la Champagne-Ardenne
Par J.-M. ROYER, J.-C. FELZINES, C. MISSET & S. THÉVENIN, 394 pages, 2005
La littérature phytosociologique française est constituée par des ouvrages anciens assez nombreux et bien connus ainsi que par des travaux récents consacrés à des entités géographiques ou (et) écologiques plus ou moins vastes qui sont éditées dans des publications variées qu’il est souvent difficile (et parfois onéreux) de se procurer. L’un des travaux synthétiques les plus célèbres consacrés à un vaste ensemble géographique est paru en 1952 : Les Groupements Végétaux de la France Méditerranéenne dont les auteurs étaient J. Braun-Blanquet, N. Rousine et R. Nègre, l’ouvrage étant préfacé par L. Emberger : ce travail connut un grand succès et fut longtemps la référence pour les botanistes languedociens et provençaux. Récemment (1994, 1996) une initiative nouvelle très prometteuse vit le jour : certains phytosociologues français furent réunis et regroupés en plusieurs ensembles thématiques et (ou) régionaux en vue de la préparation, puis de la publication d’un Prodrome des Végétations de France. Mais pour des raisons scientifiques (le territoire national était très inégalement connu), humaines et relationnelles les publications des divers groupes de travail furent très peu nombreuses; tel est le cas de l’Esquisse synsystématique et synchorologique provisoire des végétations littorales de France (1994) de J.-M. Géhu qui fut suivi d’une Végétation littorale du même auteur en 1996 et des Réflexions syntaxonomiques et synsystématiques au sein des complexes sylvatiques français (1996) du regretté J.-Cl. Rameau. On peut déplorer que les travaux de ces auteurs, spécialistes incontestés des milieux naturels qu’ils envisageaient de traiter dans le Prodrome, n’aient connu qu’une diffusion très restreinte car ce sont des publications d’une très grande importance. Pendant que paraissaient les divers volumes des Cahiers d’habitats Natura 2000 à la Documentation française, certains des phytosociologues réunis en 1994 et en 1996 préparaient un Prodrome des végétations de France qui parut en 2004 : nous en avions rendu compte dans le Bulletin 35 (2005) de la Société Botanique du Centre-Ouest. Ce Prodrome ne correspondait pas à ce que beaucoup attendaient ; cependant son intérêt est réel car il constitue la validation scientifique des ensembles de végétation de France ce qui en fait un ouvrage de référence, énorme travail ingrat réalisé par V. Boulet. Il n’en demeure pas moins que des chercheurs, souvent parmi les plus jeunes, sont demeurés sur leur faim à la réception de l’ouvrage car le Prodrome s’arrête aux alliances (voire aux sous-alliances) et ne cite pas les cortèges caractéristiques des différentes unités sociologiques. En 2005 ont été publiées dans la série des Colloques Phytosociologiques des Données pour un Prodrome des Végétations de France qui correspondent soit à des ensembles de végétation de niveaux sociologiques divers, soit à certaines parties du territoire national dont on désirait esquisser le bilan des connaissances les concernant : c’est ainsi que les quelques pages consacrées à la région Poitou-Charentes constituent la liste des ensembles végétaux reconnus lors d’un bilan réalisé dans les années 80 et n’ont donc qu’un intérêt très relatif. Il n’en est pas de même du Bilan de la connaissance phytosociologique de la Bourgogne de J.-M. Royer et de la Végétation de la Champagne crayeuse de S. Thévenin et J.-M. Royer qui pouvaient laisser prévoir un travail plus important sur ces deux régions. Deux axes de recherche avaient ainsi été proposés par les organisateurs des réunions de Paris (1994) et d’Orsay (1996) et suivis de publications diverses : – un axe thématique qui faisait l’objet de publications relativement nombreuses sur certains milieux (littoral, forêts, prairies…), beaucoup plus rares sur d’autres (milieux nitrophiles par exemple), – un axe régional parmi lesquels le très remarquable Guide des groupements végétaux de la région parisienne de M. Bournérias, G. Arnal et C. Bock (2001) mais limité à l’étude des alliances. Cette inégalité entre les deux axes de recherches s’explique parfaitement, une bonne connaissance de chaque milieu étant le préalable indispensable pour envisager la réalisation d’une synthèse qu’est la végétation régionale. J.-M. Royer, J.-C. Felzines, C. Miset et S. Thévenin ont su, après des études de terrain supposant la réalisation de milliers de relevés phytoso- ciologiques, dégager l’existence des associations végétales constituant la végétation d’un bon quart nord-est de la France et présenter un livre de phytosociologie moderne tel qu’en rêvaient nombre de participants aux travaux de 1994 et 1996. Il faut les remercier pour la réalisation de cet ouvrage dont l’intérêt dépasse très largement le cadre régional et qui doit servir d’exemple pour ce qu’il est souhaitable de faire sur tout le territoire national.
23 – Flore et végétation de quelques marais de Charente-Maritime
Par C. LAHONDERE, 96 pages, 2003
On pourrait définir les marais comme des zones humides où la végétation recouvre la presque totalité de la surface du sol et distinguer parmi eux les marais salés, les marais saumâtres et les marais doux : cette distinction correspondant â des ensembles végétaux différents. Les marais de l’intérieur sont, chez nous, des marais doux, alors que le littoral nous montre souvent les trois types de marais qui se succèdent à mesure que l’on s’éloigne cie la mer. Une partie importante de la Charente-Maritime est occupée par de telles zones humides. Bon nombre d’entre-elles ont été aménagées avant qu’un inventaire de leur flore et de leur faune n’ait été entrepris ; d’autres sont menacées par ce que l’on nomme parfois des projets d’assainissement ; certaines sont, en ce moment mème, victimes cie destructions alors que l’on sait qu’elles sont riches: on détruit ainsi un patrimoine naturel irremplaçable, pour un profit immédiat pas toujours évident, ainsi en a-t-il été du marais du Rha cl Saint-Palais-sur-Mer, ou des marais situés entre Annepont et Juicq. Nous avons limité notre étude à certains cI’entre eux, choisis soit cl l’intérieur, soit en bordure de mer ou à proximité immédiate de celle-ci: le marais cie l’Anglade près des Gonds (et de Saintes), les zones humides près de Cadeuil â Saint-Symphorien (entre Royan et Rochefort), le marais du Galon d’Or près de Ronce-les-Bains à La Tremblade, la baie de Bonne Anse et le marais de Bréjat aux Mathes, le marais de Pousseau à Royan â côté des Jardins du Monde. Nous passerons ensuite plus rapidement en revue ceux des marais cie notre département qui nous semblent plus particulièrement intéressants, dans l’état actuel de nos investigations qui sont encore loin d’être terminées. En laissant hors de ce travaille Marais Poitevin qui n’est qu’en partie charentais et dont l’importance dépassant le cadre départemental nécessiterait à lui seul un ouvrage particulier; seule la partie maritime charentaise de ce marais sera étudiée.
22 – Végétations pionnières en Basse-Auvergne
Par Par F. BILLY, 258 pages, 2002
Lorsque j’ai entrepris d’examiner de façon plus détaillée mais toujours sous l’aspect phytosociologique les formations végétales qui se rencontrent sur le territoire de la Basse-Auvergne et dont j’avais d’abord tenté de donner une image d’ensemble et plus synthétique que la Société Botanique du Centre-Ouest avait accepté d’éditer en 1988, j’ai commencé par les types de végétation les plus complexes, à savoir les forêts et leurs lisières, considérées comme le terme normal, sous nos climats, de révolution d’une nature laissée à elle-même. Plus tard, j’ai traité des prairies et pâturages, ensembles d’hémicryptophytes conditionnés par l’action de l’homme et du bétail et particulièrement développés dans une province déjà montagneuse où l’élevage tient géographi-quement la première place. Cette fois, je m’en prends aux ~végétations pionnières~, celles qui sont les premières à occuper un espace vierge de flore vasculaire. Elles sont généralement basses et discontinues et trois types de végétaux, très inégalement répartis, y tiennent la première place : de petites fougères sur les parois rocheuses abruptes et les vieux murs, des Crassulacées sur les pentes et dalles rocheuses, et enfin un vaste monde de thérophytes qui dominent aussi bien sur les arènes et lithosols que sur les terres remuées, cultivées ou piétinées et souvent enrichies en nitrates, ou bien encore sur les vases ou arènes mouillées en permanence ou saisonnièrement. Cette étude est dès lors tout naturellement divisée en chapitres correspondant à chacun de ces divers milieux, mais ces chapitres seront de dimensions fort inégales en fonction de la part prise dans l’espace par chacun d’eux et de l’irrégulière diversification des flores. Ces chapitres seront les suivants : 1 – Rochers et vieux murs II – Éboulis III – Dalles rocheuses, lithosols, sables de désagrégation ou alluvionnaires IV – Cultures, sites rudéralisés ou piétinés V – Milieux mouillés De quel matériel disposé-je? D’abord, bien entendu, de mes propres relevés effectués au cours de quelque cinquante années d’herborisations plus ou moins suivies, mais aussi des relevés publiés ici ou là par mes prédécesseurs depuis LUQUET avant 1939, de LACHAPELLE, DEJOUX et LOISEAU, MICHALET et COQUILLARD, THÉBAUD et encore M. FRAIN qui a bien voulu me communiquer des relevés non publiés – en tout, une masse de près de 2 000 relevés dont 140 de ces divers botanistes. Pour la géographie physique de la province, je m’en rapporte une fois de plus à mes descriptions de 1988 en rappelant simplement que la composition des communautés est influencée à la fois par l’altitude qui varie de 280 m, là où l’Allier sort de l’Auvergne, à 1886m au sommet du Sancy, par la zone climatique entre le climat d’abri régnant sur les Limagnes occcidentales et les vallées des Couzes, les zones de climat intermédiaire et enfin les plateaux de l’ouest directement soumis aux influences atlantiques et encore par la composition chimique des sols (marno-calcaires en Limagne, pénéplaines et massifs cristallins et, difficiles à classer entre les deux, les sols d’origine volcanique). Cet ouvrage comportera les même annexes que les précédents, avec spécialement les tableaux détaillés des syntaxons nouveaux que j’ai cru pouvoir décrire, tableaux limités pour raisons éditoriales à six relevés par syntaxon.
21 – Les friches du Nivernais : pelouses et ourlets des terres calcaires
Par R. BRAQUE, 258 pages, 2001
La végétation forestière du Nivernais a été décrite dans une synthèse déjà relativement ancienne (BRAQUE, 1978). Par contre, les groupements de pelouses et d’ourlets qui constituent les friches, bien qu’ayant fait l’objet depuis un siècle et demi de notations purement floristiques assez nombreuses l, n’ont donné lieu qu’à des descriptions très partielles (BRAQUE & LOISEAU, 1972 ; BRAQUE, 1983, 1998). Une présentation un peu plus développée en a été fournie dans la notice de la 25eme session extraordinaire de la Société botanique du Centre-Ouest (BRAQUE, 1997). Mais lors de la rédaction de ce document préliminaire, l’exploitation des éléments accumulés pendant des années d’observations sur le terrain n’était pas achevée, et il fut clairement indiqué que le nombre des unités de végétation, les noms qui leur étaient attribués, leur systématique seraient autant de sujets à révision. La comparaison des relevés de végétation, et leur mise en ordre, faisaient apparaître des difficultés, justifiant une réflexion plus approfondie sur le choix de la méthodologie la plus opportune, tout autant qu’une recherche sur l’organisation hiérarchique la plus pertinente des unités élémentaires reconnues au sein des paysages à dominante herbacée. Le présent ouvrage comprend donc d’abord une évocation très succincte du cadre territorial de l’étude, le sujet ayant déjà été amplement débattu dans plusieurs optiques (GRAS, 1963; BRAQUE, 1971, 1997, 1998; KLEIN, 1973, 1990, 1997). L’ensemble peut être désigné par le nom de Nivernais calcaire, ou mieux de Nivernais “géographique”, bien plus restreint que le Nivernais historique, l’ancien duché comprenant en outre une partie de la Puisaye, le Bazois, la partie occidentale du Morvan, le nord de la Sologne bourbonnaise. Confinant à l’ouest au Val de Loire, il juxtapose trois unités majeures dont les caractères morphologiques et climatiques sont sensiblement différents: plateau forestier, Donziois et confins méridionaux de la Basse Bourgogne. Puis sont exposés globalement, et justifiés dans un “discours de la méthode”, les principes qui ont dirigé l’observation et l’analyse de la couverture végétale. Après quoi est abordée la description des divers groupements identifiés, avec chaque fois que nécessité s’en fait sentir, retour sur la méthodologie, et aussi discussion des relations systématiques et dynamiques entre les unités reconnues.
20 – Prairies et pâturages en Basse-Auvergne
Par F. BILLY, 258 pages, 1998
Ce travail n’est pas autre chose qu’un complément à la “Végétation de la Basse-Auvergne” (Bulletin de la Société Botanique du Centre-Ouest, nouvelle série, numéro spécial 9-1988). A l’époque j’avais procédé à un exposé synthétique et donc quelque peu simplifié, des groupements végétaux connus dans la région mais en demeurant au niveau de l’alliance phytosociologique. Depuis, j’ai poursuivi mes observations, j’ai affiné un peu mon arsenal et c’est ainsi que dans un premier temps, j’ai rédigé une étude plus détaillée des groupements silvatiques et de leurs annexes, manteaux et ourlets, impliqués dans un méme processus de reboisement spontané. Les dieux m’ayant accordé un nouveau sursis, j’ai poursuivi mon chemin et il m’a paru que je disposais aussi de matériaux suffisants pour analyser avec quelque fruit la végétation des prairies et pelouses qui tiennent une grosse part dans les pays de basses montagnes où l’élevage demeure au premier rang des activités agricoles. Bien plus, il m’a semblé urgent de dresser un constat de l’état actuel de cette végétation, eu égard à la véritable révolution en cours des pratiques culturales qui ne peut manquer, à mon sens, d’avoir un sérieux impact sur la floristique comme sur la phytosociologie de nos herbages. Je me dispenserai de revenir sur la géographie physique de la Basse Auvergne que j’ai longuement développée dans ses rapports avec la végétation et me bornerai à rappeler qu’il s’agit, dans les cadres administratifs actuels, du département du Puy-de-Dôme et de l’arrondissement de Brioude dans la HauteLoire, et qu’en dépit de l’épithète attachée à cette fraction de la vieille Auvergne, c’est elle qui contient le sommet le plus élevé de tout le Massif Central avec le Sancy (1886 m) en compagnie de deux autres systèmes volcaniques, le Cézalier (1550 m) et la chaîne des Puys (Puy de Dôme 1470 m) et en outre à l’est et au sud, des massifs cristallins surélevés (Bois Noirs 1 260 m, Forez 1 650 m, Livradois 1 210 m et Margeride de Pinols 1 450 m) mais elle a aussi le monopole des terres à blé et à vigne, avec la série des Limagnes qui se succèdent tout le long de l’Allier depuis Langeac jusqu’à Ris (280 m) et, enfin, à l’ouest et au sudouest, de jolis morceaux de pénéplaines avec les Combrailles, le plateau de Bourg-Lastic et l’Artense. Aujourd’hui, c’est la Haute-Auvergne (département du Cantal) qui a la réputation de pays vert, voué à l’herbe et à l’élevage des bovins et effectivement une statistique de 1980 évalue à 391 000 le cheptel bovin du Cantal contre 320 000 pour le Puy-de-Dôme mais il s’agit là d’une situation relativement récente: en 1902, seul le Puy-de-Dôme figurait parmi les dix départements les plus gros producteurs, ses concurrents étant tous situés dans le nord-ouest. Malgré ce recul relatif, les prairies dites naturelles représentent encore 60 % de la surface agricole utile (outre 10 % de cultures fourragéres).La déprise agricole a moins touché le monde de l’herbe que celui des champs. Avant de rendre compte de l’état actuel de nos prairies ,je crois nécessaire de présenter une esquisse rapide de leur histoire de nature à mieux faire comprendre la formation des associations actuelles et peut-étre d’envisager leur avenir. Je devrai aussi délimiter l’objet, le cadre de ce travail et donner encore quelques précisions d’ordre purement floristique.
16 – Initiation à la phytosociologie sigmatiste
Par C. LAHONDERE, 48 pages, 1997
« La phytosociologie est l’étude descriptive et causale des associations végétales» (Encyclopedia Universalis). L’adjectif “sigmatiste” a pour origine la S.I.G.M.A. (Station Internationale de Géobotanique Méditerranéenne et Alpine) fondée à Montpellier par Josias BRAUN-BLANQUET: c’est à cette école sigmatiste que se rattache le plus grand nombre de phytosociologues en France et dans le monde. L’association végétale est la résultante des conditions du milieu, c’est-à- dire des conditions édaphiques et climatiques en un point donné. Elle ne doit pas être confondue avec la notion de formation végétale (forêt, prairie, lande…l, notion plus imprécise : la dune est ainsi une formation végétale constituée de plusieurs associations dont l’existence dépend, pour chacune d’entre elles, en particulier de la proximité et de l’éloignement de la mer, de la quantité de matières organiques présentes dans le sable… L’identité des associations végétales dépend encore de la situation géographique précise: les associations végétales dunaires du Centre-Ouest Atlantique ne sont pas les mêmes que celles du Golfe du Lion, mais les dunes des côtes landaises ont certaines associations en commun avec les dunes charentaises et d’autres qui leur sont propres. Il y a en phytosociologie comme en taxonomie des phénomènes de vicariance et d’endémisme: on parle alors de synvicariance et de synendémisme.
15 – Les forêts et leurs lisières en Basse-Auvergne
Par F. BILLY, 330 pages, 1997
C’est l’arbre qui fait la forêt… Adage difficilement réfutable qui trouve son écho dans la langue depuis des siècles. Aujourd’hui, l’on parle couramment de chênaies ou de pinières (ou plutôt de pinèdes, merci au Club Méditerranée !). Les Romains connaissaient, eux, des Fageta, des Pineta, inscrits dans la toponymie et l’anthroponymie auvergnates avec les Fayet, les Pinet, les Teilhet; nos pères ont même sans vergogne affublé de ce suffixe – etum – si commode des radicaux prélatins, ce qui nous a valu les Vernet et les Veysset. On ne saurait donc s’étonner de voir prospérer dans le vocabulaire phytosociologique les Quercetum, les Fagetalia ou les Abietetea. Mais ce qui est le plus curieux, et singulièrement surprenant pour les catéchumènes, c’est de trouver dans la littérature des Carpinetum sans Charme ou des Quercetum qui sont en fait des hêtraies. En droit commercial, de telles dénominations seraient qualifiées de “marques déceptives”, ce qui, dans la géhenne de la réprobation morale et juridique, n’est pas tellement éloigné de la contrefaçon. Pourtant. il semble qu’au temps des Pères Fondateurs, les Fagetum étaient bien des hêtraies, mais il n’a pas fallu un demi-siècle pour constater que dans nos pays, les essences forestières, objet d’une exploitation économique plus que millénaire, étaient réparties, à l’étage collinéen, en fonction de l’histoire humaine plutôt que de l’écologie. Désormais, si l’on voit en un lieu donné une hêtraie, on vous dit qu’il s’agit là d’un “sylvo-facies”, néologisme aussi savant que poétique, mais que, pour autant, le bois considéré reste un Carpinetum. L’abstraction et la convention sont de belles choses mais on peut se demander si ce n’est pas là pousser un peu loin la pesanteur de la nomenclature. Des esprits curieux et novateurs ont, en vue d’une analyse plus rationnelle des milieux forestiers, eu l’idée de commencer par l’étude de sous-ensembles, des “synusies” herbacées, arbustives et arborées, sans parler des muscinées et des lichens. Cette méthode a permis de dégager l’existence de groupes floristiques répondant à des exigences déterminées et dont la sciaphilie propre au sous-bois n’était qu’une composante entre d’autres, et de classer les individus concrets d’association en fonction du dosage de ces groupes. Il ne siérait guère à un amateur autodidacte comme moi de prendre parti dans de telles controverses. Je pourrais tout au plus, bien après Montaigne, butiner ici ou là pour tenter de donner une image aussi claire que possible de ce que j’ai pu observer dans ma Basse-Auvergne natale depuis qu’en 1949, émoustillé par la lecture de la Géographie Botanique de J. CARLES, j’ai effectué mes premiers relevés phytosociologiques. On excusera peut-être mon audace si l’on veut bien se rappeler que la littérature sur les bois, ourlets et manteaux auvergnats est encore bien réduite. Encore, pour les forêts, nous disposons déjà d’une documentation d’une certaine importance, spécialement sur les Monts-Dore (LUQUET, CUSSET), les Dômes (LEMÉE et CARBIENER) quelques bois de plaine (LEMÉE, SALANON, THÉBAUD) mais ces travaux sont déjà anciens et seule, la thèse de THÉBAUD sur le Forez présente une image moderne de la phytosociologie forestière. Pour les ourlets, on ne dispose que de miettes à glaner dans LACHAPELLE et d’un mémoire de BIGNON, restreints à quelques secteurs du massif Montdorien. Sur les manteaux, je ne vois qu’un chapitre dans la thèse de FRAIN et un autre dans celle de COQUILLARD. Fort de quelque deux mille relevés de ces trois formations végétales pris à peu près dans tous les cantons de la Basse-Auvergne, je n’ai pu me résigner au silence modeste qui évite les critiques et les erreurs et me suis cru autorisé à publier une analyse d’ensemble, en essayant de rapprocher les résultats obtenus des données fournies par la littérature pour les autres provinces atlantiques. Doté malheureusement d’une documentation fragmentaire et incomplète, je m’expose au ridicule de présenter comme des découvertes des données bien connues des spécialistes. Que la fortune vienne en aide à mon audace !
12 – Pelouses et ourlets du Berry
Par R. BRAQUE et J.-E. LOISEAU, 193 pages, 1994
À l’époque où les synthèses phytosociologiques embrassant le continent européen dans son ensemble connaissent la faveur, une monographie consacrée aux groupements de pelouses, fermées ou écorchées, et aux lisières dans la seule Champagne berrichonne risque de paraître désuète. Nous l’avons cependant réalisée, non seulement pour combler une lacune dans la connaissance du Bassin Parisien, mais aussi par conviction de mieux cerner, sur un territoire d’étendue limitée, des problèmes souvent esquivés plutôt qu’ignorés. Ainsi, les conditions naturelles dans lesquelles se développe la végétation sont le plus souvent évoquées en termes de référence aux valeurs classiques de la climatologie séparative, tout à fait inadéquates pour éclairer les faits de distribution à échelle fine, aussi bien à l’égard des espèces qU’à celui des types de groupements végétaux. De même, le rôle des contraintes humaines dans sa perspective historique, est maintes fois ignoré, ou abordé en une formule très générale opposant végétations primaires et végétations secondaires, peu pertinente dans les régions de plaine façonnées dans la pérennité par une civilisation rurale à forte inertie. D’autre part, il nous semble qu’un cadre régional restreint, autant ou mieux qu’un grand espace autorise une réflexion méthodologique sur les termes et les moyens d’étude de la végétation, et se prête ainsi à des conclusions de champ très étendu. Ces remarques liminaires Justifient l’organisation de notre mémoire:
l – Sous le titre “Persistance et régression des friches en Berry”sont analysées les conditions naturelles et humaines responsables de l’étendue et des structures des incultes, pelouses et ourlets.
2 – Dans une seconde partie, sont exposées et justifiées les règles que nous avons suivies dans l’étude de la végétation.
3 – L’essentiel du volume est réservé à la définition des types de végétation accompagnée des réflexions de portée générale qui découlent de cette description.
11 – Phytosociologie et écologie des forêts de Haute-Normandie
Par J. BARDAT, 376 pages, 1993
Le but de ce travail a été essentiellement orienté vers la caractérisation sociologique des forêts de Haute-Normandie. Une première approche, localisée sur le massif forestier de Brotonne (Seine-Maritime) – (BARDAT et FRILEUX. 1980) -, malgré ses imperfections m’a permis de tenter de mieux comprendre l’espace forestier à la fois dans le cadre d’une démarche conceptuelle phytosociologique et aussi dans celui de la causalité anthropique des groupements sylvatiques de cette région de plaine. L’axe de mes recherches ne vise pas à révolutionnerla théorie phytosociologique ni sa rhétorique. Toutefois, dans la vague naissante des nouvelles orientations de la recherche phytosociologique. j’aurais tendance à situer mon approche sous l’angle de la coenologie plutôt que celui des synusies, considérant que les relations entre les diverses catégories structurales (les strates végétales) existent, pourvues d’énergie de liaison plus ou moins forte. Mon approche, bien que conventionnelle et teintée d’orthodoxie, fait apparaître une démarche où j’ai tenté de prendre en compte l’aspect synusial (au sens de GAMS) des phytocoenoses forestières, notamment dans l’intégration et l’interprétation des groupements bryophytiques sapro-lignicoles et humo-épilithiques. En raison de la simplicité relative des forêts de Haute Normandie, c’est-à-dire leur faible hétérogénéité biotique stationnelle, il a paru nécessaire de prendre en compte un certain nombre d’éléments floristiques et sociologiques considérés encore trop souvent comme secondaires (communautés bryophytiques par exemple). Ce but fixé. l’analyse a été réalisée selon le système classique phytosociologique, évitant ainsi la lourdeur d’une approche exhaustive dans le domaine synusial, qui aurait interdit toute investigation sur l’ensemble de la région. Cette façon de voir et de présenter mes résultats peut constituer un biais pratique aux divergences d’appréhension de la végétation d’une formation complexe telle que peut l’être l’espace forestier. La Haute Normandie ne constitue pas une entité biogéographique homogène, et c’est sans doute en partie à cause de cela que peu de travaux ont été produits sur les forêts de cette région. La finesse des variations écologiques n’est pas par essence même favorable au déterminisme de groupements végétaux bien distincts. Cette région, au carrefour de diverses influences bio-climatiques, m’a paru être un champ expérimental intéressant pour tester certaines discontinuités plus ou moins déjà mises en évidence par les botanistes locaux comme FRILEUX de BLANGERMONT ou LIGER. Ce travail essaie de combler une lacune dans la connaissance des forêts de l’Ouest français et tente de montrer leur originalité sociologique et floristique. Les relations synchorologiques seront abordées avec les forêts de l’Ouest européen, donnant l’occasion d’exprimer un point de vue sur la synsystématique des forêts de la France planitiaire et collinéenne. On pourra regretter l’exiguïté territoriale relative de l’étude, qui freine implicitement les essais de généralisation et de caractérisation de nouvelles associations qui seraient rendus plus valides à une échelle nettement plus vaste. Toutefois des impératifs de temps. de disponibilité mais aussi d’objectivité m’ont conduit à me cantonner à la Haute-Normandie. avec quelques incursions dans les territoires voisins. Mais le degré de résolution est tel qu’il permet de comprendre les mécanismes de passage d’une communauté à une autre, ce qu’il n’aurait pas été possible de mettre en évidence si cette recherche avait été menée sur une aire beaucoup plus importante Ge quart nord-ouest de la France par exemple). D’autre part plusieurs régions voisines ont fait déjà l’objet d’études plus ou moins approfondies, permettant dans une certaine mesure d’assurer la continuité dans l’interprétation chorologique et phytosociologique des groupements forestiers de l’Ouest français. Enfin, les résultats obtenus ont été élaborés sur la base de 1 500 relevés d’individus d’associations forestières et plus de 900 relevés de groupements bryophytiques conditionnés, représentant un échantillonnage suffisant pour une analyse et une synthèse des forêts de Haute-Normandie.
9 – La végétation de la Basse-Auvergne
Par F. BILLY, 416 pages, 1988
La flore de l’Auvergne a été connue de bonne heure. LINNÉ avait à peine publié ses premiers ouvrages que l’abbé DELARBRE se mettait en campagne et il ne s’est guère écoulé de génération qui ne comptât un botaniste de terrain réputé, avec, pour couronnement, l’Inventaire du Dr CHASSAGNE qui a rédigé en 1954 une magistrale synthèse des connaissances acquises à la fin de sa longue carrière. Si, bien sûr, ces auteurs se sont peu préoccupés de l’étude des groupements végétaux, ils ont du moins réuni une documentation précieuse pour l’histoire de la végétation au cours des deux derniers siècles. Cependant, dès la moitié du XIXe siècle, dans sa monumentale Géographie botanique, LECOQ a présenté les premières esquisses de la distribution des espèces et des principaux « paysages végétaux», et c’est en 1926 que le père de la phytosociologie moderne, J. BRAUN-BLANQUET, a publié ses premiers relevés effectués en Artense et dans les Monts Dore. La même année, LUQUET composait une première synthèse phytogéographique du massif des Monts Dore, suivie en 1937 d’une étude des pelouses xérothermiques de la Limagne. Depuis, et jusqu’à ces tous derniers temps, si les Monts Dore ont continué de faire l’objet d’études plus détaillées (CUSSET et LACHAPELLE, BOCK et PRELLI, JULVE), bien peu nombreux ont été les travaux consacrés au surplus de l’Auvergne et toujours limités à un cadre assez restreint, tels ceux de l’EMEE. Maintenant, ces études ont tendance à se multiplier, grâce tout spécialement aux diplômes et thèses universitaires dirigés par le professeur LOISEAU, tandis que DIETER KORNECK venait d’outre-Rhin analyser certaines pelouses pionnières des basaltes et des granites, mais il subsiste encore un grand nombre de formations végétales et plusieurs secteurs géographiques parmi les plus vastes qui sont demeurés totalement négligés. Combler d’un seul coup de telles lacunes excède de toute évidence les forces d’un individu isolé, surtout s’il s’agit d’un amateur astreint à d’autres obligations professionnelles, mais ayant visité presque toutes les communes de la Basse Auvergne, non sans y avoir effectué quelques milliers de relevés depuis plus de trente ans, j’ai été tenté de présenter une synthèse des observations de mes prédécesseurs et des miennes propres de façon à esquisser du moins une image à peu près fidèle de l’ensemble des groupements que l’on peut rencontrer dans la province. Sans aucun doute, la méthode dite zuricho-montpelliéraine avec ses tableaux détaillés permet seule de définir scientifiquement des associations végétales de nature a être utilisées par les phytosociologues mais il me semble que cette définition suppose une connaissance approfondie non seulement des peuplements considérés mais aussi bien des formations immédiatement voisines sur le terrain comme de celles qui croissent sur des biotopes semblables dans des secteurs plus ou moins éloignés, et encore, une fois cette connaissance acquise, à quel niveau de différence faut-il s’arrêter pour tracer le cadre d’une association déterminée ?
Renonçant à proposer des définitions dont la rigueur dissimulerait une trop grande part d’arbitraire, j’ai du moins pensé pouvoir présenter des « groupements» suffisamment individualisés sur le terrain par la dominance d’un ensemble d’espèces déterminées et parfois par la présence de telle ou telle rareté, en demeurant dans le cadre des « alliances» reconnues par les phytosociologues et dont la substance n’est généralement pas sujette à des controverses majeures. Peut-être est-ce présomption de ma part, mais il m’a semblé qu’une telle présentation pouvait être de nature à faciliter la tâche des chercheurs de l’avenir en mettant à leur disposition des cadres qui les aideront à situer l’objet de leurs études et qu’il leur appartiendra de remplir. Pour la description des « groupements» que j’ai été amené à distinguer, il m’a semblé raisonnable de renoncer à la reproduction de tableaux détaillés. De trop longues énumérations lassent vi~e l’attention du lecteur; la présence d’individus isolés d’une espèce donnée dans un nombre limité de relevés ne présente qu’un faible intérêt lorsqu’il s’agit seulement de donner une image d’ensemble d’un groupement par rapport à celle des formations affines. Il m’a paru en revanche important d’insister sur les taux de recouvrement moyens; les espèces sociales constituent le premier facteur qui attire l’attention de l’observateur. Un type de lande est mieux caractérisé par les proportions dans lesquelles les espèces dominantes se mélangent que par la présence exceptionnelle d’un Lycopode ou d’une Antennaria, quand il faut parcourir des kilomètres dans cette lande sans être assuré de les rencontrer. Cela conduit à accorder une importance excessive aux espèces les plus banales mais ne sont ce pas celles-ci qui donnent à chaque paysage sa physionomie ? Les touffes de Coronilla varia et les hampes de Peucedanum alsaticum dans une prairie de Brachypodes suffisent à individualiser un groupement de lisière propre aux coteaux soumis au climat limagnais.
6 – Contribution à l’étude botanique de la haute et moyenne vallée de la Vienne (phytogéo- graphie et phytosociologie)
Par M. BOTINEAU, 352 pages, 1985
Après une présentation géographique de la vallée de la Vienne dans la partie limousine de son cours (départements de Corrèze, Haute-Vienne et Charente – FRANCE). l’auteur étudie la végétation de la région en associant une analyse phytogéographique et une description phytosociologique. Par l’analyse phytogéographique, il précise par des ensembles floristiques l’effet des gradients bioclimatiques existant le long de la vallée, et opposant des influences centr’ européennes subcontinentales à des influences atlantiques d’une part, des influences orophiles hygro-acidiphiles à des influences thermophiles xéro-neutrophiles d’autre part. L’étude phytosociologique comprend la description d’une quarantaine d’associations ou groupements les plus caractéristiques de la dition, concernant essentiellement la végétation herbacée prairiale et la végétation forestière. Pour chaque type de formation végétale, un tableau de synthèse met en évidence les particularités des associations végétales, ainsi que leurs affinités, et permet leur caractérisation.
Par M. BOTINEAU, 352 pages, 1985
2 – Matériaux pour une étude Floristique et Phytosociologique du Limousin Occidental
Par Henry BOUBY, 134 pages, 1978
L’important travail qu’avait entrepris notre confrère et ami Henri BOUBY sur la “Forêt de Rochechouart et secteurs limitrophes” était déjà très avancé dès 1975. Lorsque la mort vint le surprendre, le 12 décembre 1977, le manuscrit était pour ainsi dire achevé, y compris le chapitre plutôt pessimiste intitulé “Protection de la nature et avenir de la forêt”.
Deux chapitres seulement restaient incomplets, l’un consacré aux Muscinées, l’autre aux Lichens. H. BOUBY en effet, qui tenait à ce que son étude fût aussi complète que possible, n’avait pas voulu négliger ces deux groupes de végétaux. Toutefois, n’étant pas spécialiste en la matière, il s’était assuré la collaboration de MM. Marcel ROGEON et R. B. PIERROT pour les muscinées, celle de M. J. C. BOISSIÈRE pour les Lichens. Il était donc naturel que nous nous tournions vers ceux-ci pour mener à bien la rédaction de ces deux chapitres. M. Marcel ROGEON a bien voulu se charger de la mise au point définitive des Muscinées. Quant aux lichens, toutes les déterminations et remarques qui les accompagnent sont de M. J. C. BOISSIÈRE. Nous leur exprimons à l’un et à l’autre nos bien sincères remerciements.
Nous sommes également très reconnaissants à M. Michel BOTINEAU d’avoir spontanément accepté de bien vouloir compléter la documentation photographique destinée à illustrer ce travail. Nous tenons aussi à exprimer notre gratitude à Madame H. BOUBY pour la confiance qu’elle nous a témoignée en nous remettant, dès le début de l’année 1978, le manuscrit dans son intégralité, ainsi que nombre de documents annexes destinés à faciliter notre tâche.
En terminant, nous adressons un hommage ému à la mémoire de notre ami Henri BOUBY. Nous pensons que la Société Botanique du CentreOuest s’honore en publiant aujourd’hui l’important travail qu’il avait élaboré avec autant de patience que de compétence.